L’aurore peine à saluer la rosée, dans sa folle quête de la gouverner. En l’espace d’un cillement, dans nos cœurs, dans nos pensées, dans nos souvenirs les plus intimes, l’écho fugace d’une agonie poussée des montagnes de la Géorgie a provoqué une cascade de larmes de New York à la Floride pour s’arrêter sur les flancs de Port-au-Prince à Cabaret, de la Plaine du Cul-de-Sac jusqu’aux confins du pays. Cette sourde plainte est celle d’un être vénéré qui, au bout d’un pèlerinage de 75 années, nous a faussé compagnie. C’est le dernier soupir de Raymond Cajuste, une des plus belles étoiles à avoir scintillé pendant un demi-siècle dans le firmament musical d’Haïti.
C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris la nouvelle de la mort de Raymond Cajuste. Il est vraiment difficile d'exprimer ce que ce brillant homme représentait pour la musique haïtienne.
Au cours des « heures déraisonnables » des années 1960 – 1980, son inspiration nous avait fait vivre des moments agréables. Par son souffle envoûtant, des décennies allant de 1990 à 2010, il nous a communiqué l’idéal de nos ancêtres perdu, paraît-il, dans le rêve d’Agwèta Woyo, rêve long comme le magique fleuve Artibonite.
Que s’est-il passé, au bout d’un certain moment, dans ce rêve que je résiste à raconter ? Voilà notre vieux tonton, à la barbe blanche et fleurie, succombé aux complications liées au diabète et à la tension artérielle. Cela s’est passé aux premières heures du 24 janvier dernier au Wellstar Paulding Hospital, à Hiram dans l’État de la Géorgie, au sud des États-Unis. Ah ! « Va où tu veux, meurs où tu dois ! » Personnellement, j’assimile cette perte à un drame. Franchement, « se dilere sa pou n-antere Raymond ».
Raymond Cajuste a vu le jour à Port-au-Prince le 10 avril 1947. Son père, avocat et industriel, compte parmi les notables de la ville de Cabaret. Sa mère, Marguerite Alexandrine Germain, originaire de la Plaine du Cul-de-Sac, à part d’être secrétaire-dactylographe et modiste, est une talentueuse chanteuse que les préjugés de l’époque avaient tenu loin de nos salles de spectacle.
Tout bébé, à la rue Monseigneur Guilloux, l’ouïe de Raymond se baigne dans le chant. Tous les jours, sa mère inonde la maison d’airs de chanteurs populaires français, notamment ceux de Tino Rossi, de Georges Guétary, de Lynn Renaud, d’André Claveau, de Jacqueline François, etc. Dans ses cahiers de chants, de très tôt, l’enfant découvre la magie de la poésie. D’ailleurs, il héritera de celle-ci le goût du bel esprit. « L’heureuse influence de ma mère m’a enveloppé dès mon enfance. C’est elle que j’avais toujours cherché à suivre et à imiter. Elle a été mon premier modèle », m’a-t-il souvent raconté.
À part du Bas-peu-de-Chose (la rue Monseigneur Guilloux et l’Avenue Muller), Cabaret et ses envirions, en particulier Casale, seront les témoins privilégiés de son enfance et de son adolescence. À cette heureuse influence maternelle, se greffera celle de nos véritables artistes : les artistes anonymes de nos masses rurales, « les vrais détenteurs de la culture nationale » pour reprendre la pensée de l’ancien président Leslie François Manigat.
En effet, le « pays en dehors » deviendra la principale source d’inspiration de Raymond Cajuste, comme c’était le cas pour le compositeur hongrois Antonin Dvořák et le compositeur gonaïvien Antalcidas Oréus Murat.
Le son des tambours des longues et douces nuits cabarétines d'autrefois venant de bandes de rara, de « bann madigra » ou de « bann maskawon » telles que « La Méprise », « Arc-en-ciel », « Kalfou », « Bolo », « Grand Gosier » et d’autres le marquera à jamais. Ses nombreuses escapades dans les « konbit » organisés dans les profondeurs de Casale, de Ganthier et d’autres contrées de la Plaine-du-Cul-de-Sac lui permettront de mieux humer les soupirs, les déceptions, mais aussi les joies de nos paysans, ceux qui, pour parler comme Jean Price Mars, « chantent et qui souffrent, qui peinent et qui rient, qui rient, qui dansent et se résignent ». En un mot : l’Haïtien !
C'est dans ce merveilleux maelström artistique, dans ce délicieux « bouillon de culture » que sera formée l'âme de Raymond Cajuste. Sa voix mélodieuse frappera plus tard les tympans et caressera l'esprit du mélomane le plus exigeant. Des morceaux tels que « Racines », « Nan Ginen », « Pèlerinage » et tant d’autres sont des preuves éloquentes de la culture d’un jeune homme rebelle qui refuse de se divorcer d’avec son âme résolument haïtienne. Puisque « joumou pa donnen kalbas », sans surprise, il deviendra un des ardents défenseurs de la paysannerie haïtienne et de nos traditions ancestrales. Jacques Stéphen Alexis, à n’en pas douter, aurait vu en lui « un enfant de l’avenir », encore mieux un « arbre musicien ».
Il coule alors de sens que le premier orchestre à avoir attiré l’attention du jeune Raymond ait été le Jazz des Jeunes. Il le découvrira au Théâtre de Verdure vers ses 11 ou 12 ans. Musicien éduqué, il admettra toujours : « Quand on parle de musique haïtienne, on doit se rendre directement à notre folklore. En ce sens, sans conteste, le Jazz des Jeunes est l’orchestre phare de la musique haïtienne. » Si de cet ensemble mythique, il admirait la voix de Gérard Dupervil et les orchestrations d’Antalcidas Murat, ses deux idoles ont toujours été le percussionniste Daniel Mayala et le tambourineur Jean Rémy.
Le plus naturellement du monde, dans la fraîche adolescence, il s’initiera au tambour, suivant le modèle de Jean Rémy, de Labbé, le célèbre tambourineur de la bande Orthophonic G.B (Otofonik) et d’un tambourineur de Cabaret dont il a malheureusement oublié le nom. Affranchi des clichés, à Casale, où il rend souvent visite à sa grand-mère paternelle, d’origine polonaise, il enrichit sa palette en s’alignant avec des groupes de paysans. Sans aucun complexe, il anime avec eux des « bal fandang », des « bal anba tonèl » où la danse polka, trempée dans notre tafia, enivrait les fêtards. À l’époque, il faisait la 8è au Nouveau Collège Bird, à Port-au-Prince. À lui seul, cet acte mérite un éditorial. C’est le propre d’un jeune homme libéré. Comprenne qui pourra !
À part cette institution de la rue de l’Enterrement, Raymond a fait une partie de ses études primaires au lycée Alexandre Pétion et une année à une école nationale à Cabaret (alors Duvalierville). Il a effectué sa scolarité secondaire au Centre d’Études Mario Caze, situé à la même rue de l’Enterrement (ou rue de la Révolution). Là, au cours de ses Humanités, il découvre nos poètes dont il s’en affolera. Roussan Camille et Émile Roumer resteront ses bardes de prédilection. Un peu plus tard, il découvrira Serge Morisseau et le docteur Carlo Désinor dont il deviendra le bon ami. Sachant que chez nous, la musique n’a pas toujours nourri son homme, il étudiera, comme soupape de sécurité, la comptabilité et l’agronomie tropicale.
C’est en 1966, à l’Avenue Magloire Ambroise, que Raymond Cajuste, au tambour, jouera pour la première fois dans un ensemble musical de danse urbaine. Baptisé Les Jeunes Loups, en firent partie : Frantz Raphaël (chanteur), Lesly Lubin (chanteur), René Pignac (guitare), etc. C’est alors, membre de ce septette, que Mme Lisa Armand Raphaël (1915 – 2021), la mère de son ami Frantz Raphaël, lui a suggéré d’évoluer comme chanteur à cause de sa magnifique voix. Il chantera pour la première fois devant un grand public au jardin d’enfants « Joyeux Départ », situé en face des « Meubles Charrier » à l’avenue Magloire Ambroise.
Peu après ce joyeux départ, on se délectera de sa voix à l’Avenue Fouchard au sein du groupe Les Aventuriers. Il brûle les planches des salons du Bas-peu-de-Chose avec Sergo Méry (chanteur), Ernst « Nènè » Volcy (accordéon), Gérald Astrée (guitare), Max Astrée (tambour), etc. C’est ce groupement qui, en 1968, se transformera en Shupa Shupa. Il signe, parmi d’autres succès, « Michaëlla » et « Yanick », que Gracien Désir popularisera par la suite.
Novembre 1968 sera la date charnière dans la carrière musicale de Raymond Cajuste. Encouragé par des amis de son quartier – Waney, Carrefour -, il intègre le Bossa Combo, formé cinq ou six mois auparavant. Rapidement, il se taille une excellente réputation auprès du public, travaillant en parfaite harmonie avec ses potes, en particulier avec Adrien Jeanite et Rodrigue Toussaint, « deux talents hors du commun », dira-t-il d’eux. Il offre « Vive les vacances », « Haïti que j’aime » et d’autres pièces qui allaient faire le délice des innombrables admirateurs de cette formation carrefouroise.
Malheureusement, ce passage au sein du Bossa Combo ne sera pas un fleuve tranquille. Au cours de l’année 1973, la mort dans l’âme, il s’en sépare. Invité par son frère de baptême Jean Robert « Porky » Hérissé, il adhère aux Difficiles de Pétionville, chantant à côté d’Henri Célestin. Il a participé à l’enregistrement du disque « Jambé barriè » qui fit un véritable tabac.
En février 1974, il se sépare de cet ensemble pour se joindre aux Gypsies de Pétionville. Il y rencontre Claude Marcelin (guitare), Toto Laraque (guitare), Jules Pagé (saxophone) et d’autres musiciens avec lesquels il évoluera pendant moins de neuf mois.
Vers la fin de la même année 1974, Raymond intègrera Les Alouchès, fondé par les frères Hervé et Gérald Bros. Il y retrouva un ami des beaux jours, Frantz Raphaël (chanteur), Jean-Jean Louis (Bass), Claudy Fremont (accordéon), Tuco Bouzi (batterie), Yves Fénélus (guitare solo et guitare accompagnement), etc. Après un peu plus de 18 mois dans le groupe de Fontamara, il jouera dans le Big One avec Denis Emile (guitare), Evens « Pim » Ignace (Guitare), Jean-Jean Louis (basse), Sergo Gourgue (tam tam) et d’autres amis. Cette aventure avait duré moins d’une année.
Nous sommes maintenant en 1977. L’étoile regagnera son firmament préféré : Raymond Cajuste retourne au Bossa Combo. Ce sera incontestablement l’« âge d’or » tant de cette formation que de notre chanteur. L’activité créatrice de ce dernier est devenue plus fertile et plus mordante. Désormais, il est un personnage. Année après année, il composera des tubes qui allaient asseoir sa renommée : « Accolade », 1978 ; « Racines » (1979), « Musicalité » (1980), « Acte de naissance » (1981), « Mission impossible » (1982), « Johanne » (1984), etc.
En général, les dons sont incomparables et les générations, en vertu d'apports étrangers et de la réalité socio-politique, laissent transpirer de manière différente leur substantifique moelle. Selon moi - et qu'on me pardonne mon franc parler -, certains musiciens de La Belle Époque » (1946 – 1956) furent des dieux. Antalcidas Oréus Murat, Guy Durosier, Gérard Dupervil, Michel Desgrottes, Ernest « Nono » Lamy, Raoul Guillaume, les frères Guignard, Murat Pierre, Hulric Pierre-Louis, Destinoble Barrateau, Alfred Moïse et d’autres sont des sommités qu’on aurait dû panthéoniser.
Cela dit, ont été repérés des musiciens, des chanteurs et des instrumentistes d'élite dans la génération d’après. Je ne tarirai jamais d'éloges sur les Dadou Pasquet, Adrien Jeanite, André Déjean, Boulo Valcourt, Welmyr Jean-Pierre et une poignée d’autres. Cependant, de tous, celui qui, tant comme compositeur que chanteur, a chaviré mon cœur dans les profondeurs les plus intimes de la joie et du bonheur s'appelle Raymond Cajuste. En toute objectivité, je pense que, dans les deux rôles, il a sa place, et une place de choix, dans n'importe quelle formation haïtienne, toutes générations confondues.
Comme compositeur, il fait partie des mieux doués de sa génération. Il nous a présenté des morceaux comme un plat fumant qui flattera le palais de tout mélomane, quel que soit son statut social, de l’humble cireur de bottes en passant par le simple hoqueton de bureau jusqu’au président de la République. En juin 1979, en classe de Rhéto, au Nouveau Collège Bird, Jean N. Narcisse, notre professeur de littérature française, au cours d’un exposé, avait réservé quelques minutes pour louer le talent des principaux compositeurs du Bossa Combo, en particulier Claude Desgrottes, Jean-Claude Dorsainvil et Raymond Cajuste. M. Narcisse, homme éminemment cultivé, avait surtout apprécié les morceaux « Courage », « Vanité » et « Pèlerinage ».
À bien glaner dans ses œuvres, on découvrira chez Cajuste une tendance à honorer notre folklore et notre Alma mater. Des morceaux comme « Pèlerinage » et « Racines » ont effectivement révélé en lui un véritable disciple d’Antalcidas Murat. Quant au premier, c’est un charme, un rêve qui place le dévot catholique au pied du « Calvaire Miracle ». Pour ce qui est de la qualité tant du texte que de la mélodie, « Racines », à bien des égards, est un des joyaux de la musique haïtienne. Même son « Nan Ginen », bien que malheureusement désacralisé par le genre compas direct, prouve son attachement aux valeurs ancestrales.
Que dire du chanteur ? Doté d’une grande souplesse vocale qui le met très à l’aise dans sa peau, il rend ses morceaux avec goût, avec âme et avec profondeur. Par exemple, dans « Racines », il nous mène tout droit dans la cale d’un navire négrier. D’une diction parfaite, il nous a épargné du « zuzu » un peu gênant qui enlève à n’importe quel chanteur son originalité et sa personnalité.
Le Bossa Combo a connu d’excellents musiciens. Adrien Jeanite n’a rien à envier à aucun maestro d’un ensemble de danse du pays de n’importe quelle époque. (En passant, je déplore le fait que depuis un certain temps, la rue affuble n’importe artiste moyen du titre combien prestigieux de maestro.) Rodrigue Toussaint fut une légende, Jean-Claude Dorsainvil un charme. Cependant, à mon humble sens, l’âme du Bossa Combo était Raymond Cajuste. L’ingénieur Fritz Joassin trouvera les mots qu’il faut: « Raymond Cajuste, en dehors du maestro Adrien Jeanite, était l’étoile du Bossa Combo. Au début de la décennie 1970, en compagnie de Guy Durosier, j’avais le privilège de travailler avec cette formation en studio. Là, j’ai découvert les talents de Raymond Cajuste en tant que chanteur. C’est un artiste hors du commun. »
La touche de Raymond Cajuste est féérique. À part les seize albums qu’il a enregistrés avec le Bossa Combo, il nous en a laissé quatre superbes de son cru. Chacun d’eux représente le reflet fidèle de son âme. Dans Siempre en domingo (1979), il chante « Nan Ginen » qui traduit sa fidélité à l’Afrique. Éclectique, en juin 2001, il publiera un disque de chansons évangéliques, produit par son jeune frère Lesly Pierre. Deux ans plus tard, il fera paraître Exodus qui dévoilera la permanence de sa sensibilité maladive. Son dernier, Mémoire, paru en 2015, montrera l’éclat de son timbre nuancé, bien qu’affaibli par la maladie. Comme le bon vin, sa voix s’est bonifiée en dépit de l’usure du temps.
Raymond Cajuste a offert ses talents à ses camarades dans certains de leurs projets musicaux. Parmi eux, signalons les albums « Tonton Relax » (1981) et « Joui la vie ou » (1982) de Tuco Bouzi. Au cours de cette même période, sa suave voix de petit enfant de chœur a conféré à la « Première communion » de Mario de Volcy toute son élégance et toute son essence spirituelle.
En septembre 1970, à la Basilique Notre-Dame à Port-au-Prince, Raymond épousé son amour de toujours: Bernadette Laguerre. Cette dernière lui a laissé quatre merveilleux enfants : Clark, Fabiola, Syncia et Joanne. Pour cette dernière, il avait ciselé en 1984 un petit bijou du même prénom. Clark est pratiquement son héritier musical. Raymond les a chéris comme la prunelle de ses yeux.
Circa 2015. La santé de l’artiste commence à susciter de vives inquiétudes. Malgré tout, cela n’avait pas mis un terme à son élan artistique. Au début de l’année 2016, il retourne au pays pour rejoindre le Bossa Combo qui reprenait ses activités après un très long hiatus. Il sera applaudi un peu partout : au « Bar de l’Ère » (rue Capois), à « Lakou Lakay » (Delmas 29), à Petit-Goâve, au Tropicana Night-Club, à l’occasion des 53 ans de « La Fusée d’Or », etc. Un an plus tard, ses médecins le recommandent de regagner immédiatement les États-Unis, puisque son état de santé empirait chaque jour un peu plus. Le 2 février 2017, il est amputé de la jambe gauche.
« Ne sous-estimez jamais le cœur d’un champion » avait lancé, le 1er juin 1995, Rudy Tomjanovich, l’entraineur des « Rockets » de Houston après la victoire de son équipe en finale. Doté d’une grande force morale, cette condition n’avait pas éloigné notre champion de la scène. En juillet 2017, le public d’Haïti l’avait applaudi un peu partout, dont au Feu Vert Night-Club, à l’occasion des 69 ans de l’Orchestre Septentrional. En avril 2018, il foulera un tréteau pour la dernière fois de sa vie. C’était à Gantier. Peu après, il prendra l’avion pour les Etats-Unis.
En 52 années d’émulation musicale, soit de 1966 à 2018, Raymond Cajuste a touché toutes les couches de la population. « Pit kou mawo, zannana kou pengwen » avait apprécié son œuvre. Un jeune médecin adventiste, ténor à ses heures perdues, qui a grandi dans une stricte ambiance religieuse, s’est senti bouleversé par la perte d’un « si grand artiste ». Joint lundi dernier au téléphone, le contrebassiste gonaïvien Arold Edouard Mathieu m’a confié : « Raymond Cajuste a exercé une très grande influence sur moi. Partager la scène avec lui pendant près de 40 années a été le plus grand honneur de ma vie. C’était un monument, un mapou… »
Claude Aurélien, l’un de nos plus célèbres chanteurs évangéliques, a salué en l’auteur de Deuxième indépendance « un très grand compositeur, un grand chanteur de grande classe, qui a largement contribué à l’essor de notre musique ». Pour le trompettiste rivanordais Jean-Louis Lubin, ancien maestro de l’Orchestre Tropicana d’Haïti, « Raymond Cajuste était un de nos meilleurs artistes et un compositeur de belle souche. C’est un géant qui nous a laissés. »
Le docteur et professeur Marcelo Mitchelson, ancien co-animateur d’émissions musicales à Port-au-Prince, a ainsi résumé la carrière du grand disparu : « À mon humble avis, Raymond Cajuste était l’une des plus belles voix des mini-jazz de chez nous. Elle se reconnaissait entre mille.
Raymond représentait, à un certain moment, le visage du Bossa Combo par la joie de vivre qu’il transmettait aux autres musiciens et au grand public. Sa disparition constitue une vraie perte pour la musique de chez nous. »
En effet, quelle perte immense ! À part ses quatre enfants, Raymond a laissé pour le pleurer également ses petits-enfants, ses frères et sœurs - Jacqueline Cajuste Augustave, Félix Cajuste, Mirlène Jean, Yola P. Lebrun, Marlene Pierre, Lesly Pierre -, ses nombreux neveux et nièces et anciens complices musicaux, en particulier ceux du Bossa Combo. Que chacun d’eux, par ce simple texte, accepte mes plus sympathiques condoléances.
Ainsi va la vie. « Sou latè beni, tout n’est que vanité / Nou pa vinn pou n rete / Se pase nap pase… Pa bliye nou se pasaje…» avait si bien chanté notre icône dans son exquise pièce « Vanité ». Certainement, nul et rien ne sont éternels ! Ce qui est sûr c’est que le nom de Raymond Cajuste, à cause du génie de celui-ci, restera gravé dans l’éternité de la musique haïtienne. Comme disait le poète : « Tout passe en cette vie hormis le souvenir. » À mon humble avis, notre nation lui doit une fière chandelle.
Crédit: Louis Carl Saint Jean